Biographie

Marc Ivo Böhning (iel)

 

En résumé

Après une maturité scientifique avec mention, je me suis formé en tant que naturopathe et physiothérapeute (= kinésithérapeute). Je me suis très vite spécialisé en aromathérapie par amour des plantes et de leurs huiles essentielles.

Par chance, j'ai pu travailler dans des milieux très différents (hôpitaux, cliniques, sport, milieu carcéral, cabinet privé).

Maintenant, je travaille en tant qu'enseignant, en tant qu'écrivain et en tant que consultant pour des entreprises d'aromathérapie, notamment au niveau des analyses chimiques ou en tant que chercheur. J'exerce toujours en tant que thérapeute, ce que je n'ai pas l'intention d'arrêter.

Etant gosse, j'ai commencé en tant que "guérisseur" avec les oiseaux, puis les hamsters et les poissons rouges de la famille. J'ai ensuite mis mes mains sur ma soeur et ma mère quand elles avaient des douleurs. Pour commencer à masser surtout vers les 10-12 ans aux camps scouts lorsque les camarades avaient mal aux jambes à la fin de la journée.

Je me suis pourtant destiné à une carrière de grimpeur. Ce qu'une grave chute a compromis (fracture de nuque et 4 ans sans pouvoir faire d'activité physique). J'ai également mis de côté une carrière d'ingénieur chimiste qui m'aurait beaucoup tenté.

 

Parcours de vie

Osons un petit côté protocolaire à la biographie. Le fait de suivre une démarche classique est tellement peu "moi", que je vais le faire. Du coup, ça, ce sera moi : enfreindre mes propres règles. Ceux qui me connaissent savent que ma force est ma faiblesse : ne rien accepter, surtout pas une règle établie ou l'avis d'un establishment.


Le tout début

Ma grande soeur a un jour jeté une pièce dans un puits (wishing well) et a fait le voeu d'une petite soeur. Un peu plus de neuf mois plus tard, c'est moi que la vie a choisi pour exhaucer son voeu... ou presque. Sinon, je me serais appelé Sophie Marianne.

Un jour, les contractions faisant, mon père a fait crisser les pneus de sa vieille Ford à Genève, Suisse pour amener ma mère à l'hôpital. Mais voilà... un pti sagittaire ascendant bélier, on dirait que ce n'est pas très patient comme bestiole. Et j'ai décidé de venir au monde dans la voiture déjà.

Dans le parking des urgences, l'infirmière de l'accueil a dit à ma mère que toutes les femmes disaient que le travail avait déjà commencé. Jusqu'à ce que ma mère soulève sa jupe et que l'infirmière voie ma tête. Du coup, la suite a été rapide. Au sortir vers cette drôle de planète, un tas de blouses blanches a voulu faire comité d'accueil. Mais j'ai uriné sur tout le corps médical d'un beau jet circulaire. Il y a des destins...


Enfance et début de la thérapie

Né d'une mère infirmière urgentiste puis diacre protestante et d'un père diplomate (euh... professionnellement, rires), j'ai grandi à Plan-les-Ouates (Genève, Suisse) où j'ai passé une enfance bourrée de souvenirs heureux et de belles opportunités et de chances. Même si j'ai eu droit à mes bobos d'âme et que j'étais dans une énorme confusion quant à qui j'étais. J'ai passé pas mal de temps à vouloir quitter la vie.

On a cherché à plâtrer ce qui  bougeait plus que le manque de souplesse social et me contraindre dans un moule, un rôle et un genre que je ne suis pas, que je n'ai jamais été. ça a été dur, ça a été violent, ça s'est passé avec un peu de violence physique mais beaucoup de violence morale et émotionnelle et énormément de chantage à l'amour.

Ma mère m'a couvert d'amour quand je répondais au rôle qu'elle avait fantasmé de moi à l'instant où on lui a annoncé : "It's a boy !" J'avais droit à des coups et des insultes quand je laissais ma nature reprendre le dessus. Mes amis-es, ma famille et toute la société m'a enfoncé ce moule dessus et j'étais bien trop docile. Éviter les insultes et les coups passait par par jouer un rôle de mec. Éviter la détestation et avoir droit à cet afflux hélas conditionnel d'amour aussi. Alors j'y jouais et je m'étais presque convaincu. Le pire influenceur, nonbiphobe et le plus violent avec moi était donc forcément devenu... moi-même.

Cela m'a pris une bonne quarantaine d'année pour sortir de cette m... à briser le code, la binarité et les injonctions du patriarcat. Beaucoup, énormément de souffrances. Mais c'est sans doute pourquoi je me posais autant de questions sur la nature humaine depuis que j'étais enfant. Et ce fut un immense outil, horriblement chèrement payé. Qui aurait été évitable... mais c'était une autre époque et pas le bon milieu social. Il paraît qu'on choisit avant de venir. J'ai du être particulièrement c... sur ce coup-là. Mais bon... j'y ai gagné énormément de privilèges qui m'ont sans doute parmis de faire ce que j'ai fait.

 

Qui est Marc Ivo Böhning ? biographie, parcours

Nous avions un petit jardinet et de très grandes fenêtres. Les oiseaux venaient parfois s'y cogner. A mon grand désarroi, moi qui ne pouvais pas faire de mal à une mouche.

En tant qu'enfant, je ne savais pas quoi faire. Massage cardiaque ? Bouche à bec ? Tout ce que j'avais était mes mains. Alors je les mettais sur les oiseaux. Et ceux-ci se relevaient, s'ébrouaient puis, après m'avoir toisé, restaient une minute pour prendre de l'énergie avant de repartir vivre leur vie. De temps en temps, un d'entre eux revenait me dire bonjour un peu plus tard. Ou du moins c'est ce que j'aime penser. Peut-être venaient-ils juste visiter le lieu de l'accident. Je me souviens tout particulièrement d'un pic vert qui est revenu plusieurs fois les jours suivants.

J'ai donc appliqué mes mains ensuite sur les hamsters, le lapin et les poissons rouges. Bon... je dois partager quelque chose avec vous : mon innocence d'enfant. En effet, l'application des mains sur le poisson rouge qui a passé toute la nuit sur le radiateur de ma grande soeur, ça ne l'a pas sauvé et j'en ai pleuré d'incompréhension.

Puis ce fut sur ma mère, ma soeur et les amis. Au camp scout, à la fin des journées de ski, je massais les jambes de mes camarades. Ils me donnaient parfois un mars en retour. Peut-être est-ce là que le massage est devenu mon métier pour la première fois. Quoi qu'il en est, j'ai continué à adorer cet art jusqu'à aujourd'hui.

Revenons-en au jardinet.

Il a eu de la valeur dans ma vie. Tout d'abord, j'y jardinais en tant qu'enfant. Autour du cognassier (mmmh les bonnes gelées !), j'avais un petit espace réservé pour moi. J'aimais déjà beaucoup tout porter à mon nez et j'y ai donc appris un début de frustration aromatico-botanique. En effet, j'aimais cultiver des fleurs très colorées, mais elles ne sentaient que rarement. Tulipes, Muscaris, Violettes, Fraisiers... j'aimais les regarder grandir et évoluer, les goûter, les sentir.

Et puis il y avait la haie de Thuya. Quelle odeur !

Quand j'étais malade (bien trop souvent), ma mère ou moi selon mon état en cueillions quelques brindilles et quelques minutes plus tard, un bol d'eau chaude était sous mon nez. Dessus flottaient les brindilles ramassées. Dessus se penchait ma tête enrhumée et par-dessus trônait un linge. Et j'apprenais les fumigations et inhalations.

Ma mère, infirmière urgentiste anglaise puis assistante médicale et enfin diacre, m'apprit tout ce qu'elle savait et aimait me transmettre. Combien a-t-on colorié de corps humains et d'autres choses didactiques pour lesquelles elle avait un don réel ?


Enfance et intérêts naissants

Grâce aux stimulations de mes parents probablement et par passion aussi, je me montrai curieux de nombreuses choses.

A commencer par l'astronomie. Bébé, il y avait une chose qui me calmait quand les classiques câlins ne suffisaient pas. C'était de me sortir sous le ciel étoilé. Pour mes pauvres parents, il valait donc mieux que je fasse une crise de pleurs la nuit, car le ciel bleu ne m'a jamais fait ce même effet apaisant.

Qui est Marc Ivo Böhning ? biographie, parcours

Alors je plongeais dans des livres d'astronomie. Et ils ne me suffisaient plus, alors j'enchaînai assez rapidement avec des livres d'astrophysique. J'adorais ça. Notamment la relativité et la physique fondamentale. Drôle de gamin, mais gamin mordu. J'aimais me questionner sur les liens entre la physique fondamentale des particules et la façon ont on pouvait s'en servir pour calculer ce qui se passait dans l'immensément grand. De la masse du proton à celle du soleil, de la charge des quarks au bouclier magnétique terrestre.

Ce qui, bien entendu, m'a plongé sur l'intérêt de la chimie. Je me souviens notamment d'un voisin à qui ma mère a demandé que je puisse le suivre à son travail. Remplaçant ainsi ma timidité sociale pathologique. Je n'aurais jamais osé demander moi-même. Je pus donc le suivre un jour, jeune ado, et observer des analyses par chromatographie à phase gazeuse. J'ai pu questionner, voir, toucher. J'ai été sensibilisé au problème du calibrage des machines et de la banque de données moléculaires avant qu'un prof d'aroma ne me parle de la fiabilité des analyses. Cette journée a valu tout l'or du monde par la suite. Serais-je en train de remettre en question toute la chimie de l'aroma sinon ? Je n'en sais rien. Mais en tout cas, merci maman et merci M. R. !

Quelques années plus tard, je pouvais échanger des bonbons à ma soeur en lui faisant ses devoirs de chimie. Elle était au collège (gymnase) et détestait ça. J'étais à l'école primaire et les devoirs de français me saoulaient. Une bonne monnaie d'échange. Je trouvais la chimie très utile. En dehors de boîtes de jeux, cette fois.

Des années plus tard, au labo de chimie, mais j'étais cette fois au collège, je m'amusais avec un copain motivé. Nous faisions les quatre cent coups. Nous fûmes responsables de quelques menues explosions et petits accidents. De la fonte du sac de mon ami dans de l'acide. De son coma transitoire avec de l'ammoniac que nous avions détourné pendant que nous synthétisions de l'odeur de banane. Aaah les bêtises ensemble... Merci Jerko ! Et si tu me lis, pardon pour ton sac. Oui c'était bien moi.

Mais repartons en arrière.
 

Adolescence et à peine plus

L'adolescence était une période plus dure. Esprit libre traînant avec une soeur plus âgée et ses amis rockeurs new-wave, j'eus vite un goût musical et social bien différent de ceux de mes camarades. Et à cet-âge là, on se définissait par la musique que l'on écoutait. Non, je n'étais pas en fluo, mais en noir et j'essayais d'avoir l'air triste. Tristement à la mode. Rôle que je ne tenais pas très bien ; je suis plus clown que dramaturge.

Le rock, je m'y suis d'ailleurs essayé. Après des années de clarinette classique puis d'impro jazz, j'ai commencé à apprendre des instruments sans le cadre étouffant des profs. C'est grâce à la guitare que je commençai un groupe avec un ami batteur. Comme nous ne fûmes rejoints que par des guitaristes, je décidai de passer à la basse, en auto-didacte aussi. Après quelques festivals, puis des concerts et des petits enregistrements, le groupe se scinda au gré des matus, des copines et de départs à l'étranger. Les "Jumpings beans" furent... et furent.

Je vous donne ici un des seuls témoignages audio qui ont survécu. Une session de studio où il a fallu réécrire le morceau par oral trente secondes avant de le jouer en une prise. Aaah l'organisation des musicos... Cliquez sur le lien.

 

Pendant cette période, j'ai eu besoin de la musique. D'ailleurs j'ai aussi été technicien du son pour une station de radio FM.

Puis, la musique cédant le pas car mes potes avaient des copines et en dehors des parties d'échecs qui occupèrent alors toutes mes pauses au collège, je pus me consacrer entièrement à mon autre passion : la varappe.

J'avais pratiqué de très nombreux sports. Mais la varappe, c'est elle qui m'a pratiqué. Pour écorner Renaud : c'est pas l'homme qui prend le mur, c'est le mur qui prend l'homme.
 

Choix de métier

Pendant des années, j'ai caressé les falaises de Suisse et de France. J'ai rêvé de devenir pro et j'aurais du. 8a+ à vue, 8b+ enchaîné à la 2e (je détestais les répét), je pouvais tout à fait. J'ai d'ailleurs à moitié choisi mon autre métier pour la varappe. Ben oui : grimpeur, "ce n'est pas un métier". Bien qu'a posteriori, je suis sûr que mes parents ne m'auraient pas exfamilié pour autant. Mais voilà, à cet âge, il arrive que l'on soit plus influencé par la peur du regard de ses parents que par ce qu'ils auraient pu dire si on leur avait parlé sans peur.

Alors j'ai cherché un faux métier. J'ai cherché l'école dans laquelle je n'avais aucune chance de rentrer. Et j'ai trouvé : l'école de physiothérapeutes de Genève. En plus, c'était vraiment un métier qui m'intéressait, donc il n'y avait même pas trop à mentir à mes parents. Aucune chance de rentrer et donc un alibi en béton. Parfait ! Je pourrais commencer ma carrière de grimpeur et être pro avant que mes parents n'aient eu le temps de dire ouf.

J'avais tous les critères contre moi. Je n'avais pas fini la matu (bac suisse), ce qui était obligatoire. Je n'avais pas fait les stages. J'avais mon armée devant moi exactement pendant le début des cours. Je n'avais non-seulement pas une année d'expérience de vie et de métier entre mes études obligatoires et le concours d'entrée : je n'avais même pas fini ma matu. En plus, l'école avait la réputation de ne jamais admettre un étudiant la première fois qu'il passait le concours d'entrée, pour tester sa motivation et ses progrès. Je n'avais donc théoriquement aucune chance d'entrer. Je leur ai même parlé médecines holistiques pendant l'interview. Bref, tout pour pouvoir commencer à grimper.

Mais voilà. J'ai échoué mon plan : j'ai réussi ce fichu concours d'entrée. J'étais incapable de répondre faux exprès, c'était comme un jeu et j'aimais les jeux d'esprit.
 

Ecole de physio

Alors me voilà sur un banc d'école. Entre-temps, j'avais été mis de côté par l'armée pour intolérance au lactose. Heureusement, car je refusais de toucher à une arme. Ca m'a évité de devoir passer quelque temps au trou.

Sur un banc d'école donc, à apprendre la physiothérapie. Comme un poisson hors de l'eau. D'un côté heureux parce que j'apprenais énormément sur ce corps humain que j'aimais tant et parce que j'aime la mécanique. Et d'un autre côté malheureux car mon optique du soin, ce n'était pas ça. Vraiment pas ça ; pas cette limitation et cette segmentation de l'approche d'un être humain que l'on abaisse à être notre patient, notre morceau de viande mal en point, notre sac à pathologies, notre noeud de maladies.

Je n'ai pas fait long feu avant que la vie s'amuse un peu.

 

... La grosse casse !

Un beau jour du premier automne de la première année de cours, avec un collègue, grimpant joyeusement sur un mur d'entraînement de la banlieue genevoise, je suis tombé d'une petite dizaine de mètres. Et crac ! La deuxième vertèbre cervicale cassée. Malgré de belles douleurs, je pus, au début, encore mouvoir mes jambes. Mais après quelques minutes, c'était fini. Idem à l'hôpital, après un passage par une ambulance dont je ne me souviens de rien hormis des doses morphine bienfaisante.

Fracture cervicale, hyper-réflexie, Babinski positif, absence de sensibilité dans les jambes et les bras, je connaissais le diagnostic que les médecins tardaient à me délivrer. Tétraplégie.

Après deux jours sans pouvoir bouger, allongé sur la table de radiologie (mon dieu c'que c'est dur, une table de radiologie), j'ai passé presque toute la nuit, oublié par les médecins et les infirmières. Là, sans pouvoir bouger, avec les lumières éteintes. Mon corps ne répondait plus.

Une vie est passée devant mes yeux. La mienne future. Celle de ma tétraplégie. Cloué dans un lit et une chaise à ne rien pouvoir bouger véritablement qu'un peu de mon visage.

Non !

Je ne voulais pas ça. Je le refusais. Je hurlais à l'intérieur de moi. Ce ne serait pas possible. Je ne laisserais pas la vie me faire ça. Ou alors je ne me laissais pas faire ça à la vie. De confus et terrible, ça c'est imposé comme une évidence à moi. Je m'étais mis ici avec l'aide de la vie. J'allais pouvoir sortir d'ici avec l'aide de la vie.

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J'ai concentré toutes mes pensées et toutes mes forces sur tous les potentiels de la vie qui m'était prêtée. Non, je n'allais pas gâcher ce cadeau. Non, je n'allais pas jeter aux médecins, infirmières tout ce que l'univers m'avait donné : la vie, la curiosité, l'impertinence, la volonté de découvrir, la soif de comprendre le corps et le soin. Non, je n'allais pas laisser s'en aller mon amour pour le mouvement et les plaisirs du corps.

Mais surtout oui. Oui j'allais accepter d'habiter mon corps, d'en profiter, de prendre ma place. Oui, j'allais accepter de finir ma formation, de m'investir. Et surtout oui, j'allais accepter ce que la vie mettrait devant moi dorénavant sans chercher à esquiver les évidences pour me satisfaire de lutter. Lutter pour ce que l'on veut. J'allais suivre le flux de la vie. Ma dernière lutte avec les méandres du hasard et du destin serait d'accepter de chevaucher le hasard, de devenir l'homme que la vie voulait que je sois et non celui que je voulais être.

Sur mes deux pieds, je suis ressorti de l'hôpital le lendemain. Enfin... deux pieds... ça a pris un peu de temps pour que la marche soit fluide à nouveau. Après une bonne grosse crise de tétanie à force d'efforts émotionnels, spirituels, psychologiques, on peut appeler ça comme on veut. Je m'en foutais de ce que ça m'avait coûté. J'en étais sorti.

Quatre ans sans sport et une excellente connaissance de la voix de mes enseignants s'ensuivirent : au tout début, je suivis un bon nombre de cours couché sur une banquette à visualiser ce que les pros racontaient. Me faire des schémas mentaux, représenter les notions théoriques graphiquement afin de les retenir parce que je ne pouvais pas prendre de notes. Ca a du bon, les blessures !

J'ai eu trente-deux plâtres et attelles au long de mon adolescence et ma jeunesse. Fractures et autres blessures d'un jeune insoumis. La vie est plus habile à nous remettre en place que nous ne le sommes à accepter des règles, parfois. Et moi, les règles...

Du coup, je sais ce que ressent un-e patient-e hurlant de douleur sur une table de diagnostic quand son médecin le/la regarde froidement dans les yeux et lui dit d'un air glacial : "arrêtez de crier, vous n'avez pas mal, il n'y a rien à la radio." Je sais ce que c'est quand il constate une fracture à la deuxième radio et que le médecin hausse les épaules en disant : "Il n'y a pas de quoi en faire un plat : maintenant on sait que c'est cassé. On ne le savait pas, voilà tout." Comment dire...? Un-e patient-e qui a mal sait que quelque chose ne va pas. Et on l'écoute, bon sang de bois dur !

Au moins j'ai pu tester quelques fois ce type de situation. Sans doute cela m'aide-t-il à écouter mes patients-es différemment. Sans doute cela me permet-il de les respecter et de chercher avec elleux les raisons qui les ont amenés-es à consulter.
 

1er métier et ensuite

Alors bon, j'ai fait et fini mon école de physio (kiné pour les français-es). Elle m'a tout de même apporté beaucoup de connaissances, d'outils et d'expériences. Avec la chance de faire des stages dans de nombreux hôpitaux différents et notamment à l'étranger.

J'ai quand-même pratiqué en tant que physio. Enfin si l'on peut dire. Ca a été très "différent" dès le début de l'école, quand mes camarades me disaient : "Tu fais quoi ? On ne voit même pas tes doigts bouger." En recevant mes mobilisations, ils étaient ravis, mais en me regardant, ils ne voyaient pas ce qu'ils sentaient à l'intérieur. Ce qui ne m'a pas valu que du plaisir au sein d'une classe frileuse à mon approche moins "mécano-crack" et "pousse que j'te renforce" que la moyenne, dira-t-on.

Mon premier emploi m'a fait émigrer dans le canton de Vaud. Le prix du point et le système de comptage des points tarifaire avaient été changés dans toute la Suisse juste à l'obtention de mon diplôme. Ce qui a valu beaucoup de faillites, chômages et changements de conditions de travail à Genève. L'émigration était donc la solution. D'autant plus que cette opportunité tombait en même temps que la rupture de mon couple d'alors.

J'arrivai donc à Crissier-Renens avec un double job de physio : 2 jours par semaine dans un cabinet de physio du sport et les 3 autres jours à gérer un petit cabinet tout seul.

Sortant de l'école, je crus que la connaissance de l'anglais (ma langue maternelle) et de l'allemand (auquel mon père allemand eut plus d'apport émotionnel que technique) seraient des atouts majeurs. Mais très peu de patients-es ne connaissaient plus d'un seul mot d'une de mes langues. En plus de cela, les prescriptions qui m'étaient fournies étaient généralement rédigées par un ORL qui bouclait ses fins de mois dans une policlinique (et qui finit en prison pour agression se*uelle sur plusieurs de ses patientes, mais c'est une autre histoire). Je devais donc toujours refaire le diagnostic. Du coup, je n'avais d'autre choix que d'écouter mes mains : prescriptions fausses et patients-es sans communication verbale possible furent mes deux plus grands atouts afin que je fasse confiance à mes seuls outils, mon intuition et mes p'tites mimines.

Douze à quinze heures de travail par jour avec un patron qui ne m'a jamais donné de jour de congé m'ont toutefois fait quitter mon premier "laboratoire humain".

Le vent me porta ensuite à l'hôpital d'Orbe. Un mignon petit hôpital à taille humaine.
 

Grosses déceptions

Lors de mon entretien d'embauche, le chef physio d'alors me dit qu'il y avait deux postes vacants. Un classique, au sein de l'hôpital à temps plein. Un partagé entre l'hôpital et les trois prisons de la plaine de l'Orbe. Cet homme si peu démonstratif de ses émotions écarquilla pourtant ses petit yeux scrutateurs. Il était surpris comme jamais. En effet, tout le monde refusait toujours d'entendre parler de traiter en prison. Non seulement il vit mon acceptation, mais mon enthousiasme. L'entretien se raccourcit et il me fit la tournée de l'hôpital. J'étais embauché bien qu'il n'avait pas encore le droit de me le dire.

A Orbe, j'ai donc travaillé avec des externes (travail de cabinet classique de rhumato-traumato) et avec les internes. J'y passais la majorité de mon temps aux soins palliatifs. A côté de ça, la rééducation classique de milieu hospitalier. Et nous recevions des groupes de gens ayant mal au dos, arrêtés depuis deux ans pour une évaluation auprès de l'assurance invalidité. Pour des stages de trois semaines de "remise en route". Cela pour décision de rente à vie (ou non).

Pour ces groupes, j'ai du lutter pour obtenir une plage de temps dans la semaine afin de leur offrir des cours de relaxation-intériorisation. Mes collègues riaient et se foutaient de moi. Et passaient leur temps deux fois par jour cinq jours par semaine à leur faire du renforcement sur machines. Ils souffraient, pour la majorité d'entre eux. Ca me mettait les nerfs en boule.

La mode était de les faire bosser comme des fous et de les traiter comme s'ils n'avaient rien. Quelle horreur !

Je reçus beaucoup de brimades pour la quantité de temps que je passais avec les patients-es, ce qui m'a fortement déçu. Notamment en soins palliatifs. Mais comment peut-on vouloir comprimer le temps alloué à quelqu'un sur le point de décéder ? Cela me dégoûtait au plus haut point. J'étais révolté par l'attitude de mes collègues envers beaucoup de choses. Il fallait lutter pour conserver un peu d'humanité et de globalité des prises en charge.

Je me souviens d'un épisode qui m'a fait assez mal à l'hôpital d'Orbe. Il est très parlant de l'état de la physiothérapie et de la médecine de l'époque, c'est pour cela que je vous le narre.

Tous les mercredis matins, nous nous partagions des techniques entre physios. Un jour, nous échangions à propos du travail ostéo-articulaire sur le sacrum. Après avoir vu un bon nombre de techniques ensemble, l'équipe se résigna à dire que c'est tout ce que l'on pouvait faire lors de douleurs dans la région. Qu'il n'existait aucune autre technique de mobilisation possible.

Je questionnai alors l'équipe sur le fait que nous n'avions pas effleuré une seule technique par rapport à la mobilisation des vertèbres du sacrum entre elles.

Ouh la la, mal m'en prit !

Je fus rabroué par tous et les rires couvraient à peine les remarques de désapprobation. Je fus convoqué par le chef. Non, mais c'était devenu une affaire d'état.

J'eus beau clamer que ces vertèbres bougeaient, rien n'y faisait. Ils ne voulaient pas entrevoir la possibilité qu'il y avait du mouvement et de la vie au sein du sacrum. J'eus beau dire que je les diagnostiquais depuis des années, que je les mobilisais depuis des années. Des patients-es ayant mal au bas du dos présentent des fois des blocages entre des vertèbres du sacrum quand on cherche à les sentir avec un peu de finesse. Quand on corrige les défauts de mouvement qu'on y trouve, ces mêmes patients-es vont mieux.

D'ailleurs cela devrait déjà être un indice suffisant pour se dire qu'il y a quelque chose...

Mais ce genre d'arguments, la majorité des physios, médecins-ines et infirmiers-ères ne veulent rien en savoir. La mauvaise foi est un mur contre lequel l'amour de ses patients-es peut se heurter avec violence.

J'avais commencé ma carrière en devant écouter mes mains. Alors j'étais choqué au plus haut point lorsque des gens se prétendant des soignants-es refusaient ce qu'ils avaient sous les mains. Même l'évidence des sensations n'a pas le droit de heurter les quelques petites choses qu'ils ont appris théoriquement et péniblement avec un titre au bout du cursus.

Et puis une autre calamité professionnelle m'a déçu.

Nous traitions dans une grande salle dont les cabines étaient séparées par un seul rideau. Alors j'ai eu droit à ce que les collègues rient de moi, me réprimandent et à ce que le chef me convoque parce que je parlais à mes patients-es de ce qu'ils mangeaient. Dans ce type d'incohérence résident les impératifs de mon changement de carrière.

Un patient vient x fois de suite avec chaque fois une nouvelle tendinite. On le soigne, on le désenflamme, on voit avec lui comment mieux gérer son entraînement, on voit avec lui comment mieux se servir de son matériel.

Mais malgré tout ce qu'on fait avec lui, il revient x fois avec des tendinites et inflammations diverses.

Alors bien sûr, je lui parle de ce qu'il mange !

Mais les collègues et le chef me ruent dedans :

"Tu n'as pas à parler au patient de ce qu'il mange !"

"Pourquoi ?" répondis-je.

"Parce que c'est le rôle de la diététicienne, pas le nôtre."

"Mais les gens ne vont pas chez la diététicienne ou le naturopathe quand ils ont des tendinites. C'est donc notre rôle de les sensibiliser."

"Non, nous sommes physios (kinés)."

Aaaaaaaaaaaaah ce genre de choses me rendait fou ! Là, c'est le comble de la segmentarisation de la médecine. On refuse de parler même à quelqu'un qu'on a en face de soi. L'horreur. Je n'en pouvais plus.

Suite à tout ça, j'ai quitté le travail de physio d'hôpital où j'étais comme un poisson hors de l'eau.

Vivement la mer, le grand large, l'océan, les vagues et les alizés. Naturopathie, me voici ! Et puis, avec des huiles essentielles pendant mes massages et manipulations, j'avais déjà la nature-aux-pattes.

Après tout ça, je tiens à dire que c'est de très loin un des hôpitaux les plus humains dans lesquels j'aie jamais mis les pieds.
 

L'Aroma !

Qui est Marc Ivo Böhning ? biographie, parcours

L'aroma et moi, ça remonte à loin. Dans mon enfance, ma mère me mettait parfois un mélange d'huiles essentielles anglais. Le jardinet. Le Thuya en inhalation. Puis les patients-es avec qui j'utilisais des huiles essentielles. Et les bouquins.

Mais...

Ce qui m'a "jeté dans l'alambic" est une drôle d'histoire.

Lorsque j'étais physiothérapeute pour les prisons de la Plaine de l'Orbe, j'avais un patient (détenu) qui était lui-même cultivateur de plantes pour huiles essentielles. Un vieux briscard de la bonne vieille école. Le genre de gars qui avait touché un peu à tout ; planté, distillé, soigné.

Il était passionné et passionnant !

Il m'a emmené voyager à travers ses champs. Je sentais les odeurs de ses plantes quand il m'en parlait. Il s'évadait pendant le traitement. Il n'y avait plus de barreaux aux fenêtres de la salle de traitement, il était avec ses plantes, avec ses fioles, avec ses patients et il m'emmenait avec lui.

Pendant qu'il me faisait voyager, il m'apprenait quelques astuces, il m'apprenait à soigner. Et il le faisait à l'ancienne, sans me bassiner avec des heures de théorie insipide. C'était des plantes, des mélanges et des applications concrètes.

Oui, il m'avait transmis le virus : j'étais aroma-cuit !


Et le reste

Je me suis formé à nombre de techniques diverses et variées. Reiki, Réflexologie, Réflexologie amérindienne, Massage derviche (Breuss), Massage du tissu conjonctif, Fleurs de Bach, Spagyrie et j'en passe.

En plus de ma formation de physio, j'ai surtout fait une formation complète de naturopathe en Suisse au CRPS.

A part ça, j'ai eu la chance d'apprendre la physio avec des ostéopathes. Avec eux, je me suis abreuvé de ce qu'ils ne nous enseignaient pas vraiment.

Mais mon meilleur prof a toujours été ma paire de mains, mes yeux et mes oreilles. Impertinent impénitent, je n'ai de toute façon jamais rien accepté d'autre pour argent comptant. A tous mes profs : mes excuses et mes remerciements !


L'actualité

Et maintenant, me voilà naturo-aroma-ostéo-physio-rigolopathe.

Je traite toujours en cabinet (voir la page de mon cabinet) car la passion du traitement est là. Mais je dois partager mon temps entre mes diverses activités :


- la thérapie
- l'écriture
- l'enseignement
- le conseil aux entreprises
- et pas mal de recherche en aroma

... ce qui me laisse peu d'heures de sommeil.

 

Publications

J'ai eu la chance de publier un certain nombre de livres d'aromathérapie, de massage, de réflexologie et de réflexion générale dans le domaine des médecines naturelles. Et également quelques recueils de nouvelles.

J'écris régulièrement pour des sites ou journaux tels que Gedane, TianKi ou Recto-Verseau.

Vous pouvez avoir accès à mes livressur la page adhoc du site.
Certains de mes articles se trouvent dans les pages de ce site, mis en lien dans les pages de COURS concernant les méthodes auxquelles les articles se rapportent.
D'autres articles se trouvent dans les pages de la partie AROMATHERAPIE du site.

 

Enseignement

J'adore me faire plaisir en transmettant ce qui me passionne. C'est pour ça que j'aime faire des cours en nous amusant. C'est mon métier ; je ne vais quand-même pas rester sérieux toute une journée à professer sur un ton pédant quand-même ?

Je donne donc des supports de cours très larges et fais défiler des images en rapport avec le cours pour que les élèves puissent participer sans avoir l'impression de devoir passer une journée studieusement ennuyeuse.

Et puis... il y a les chocolats...

Venez essayer !